Alban de Châteauvieux
Inscrite au 31 décembre dans le Martyrologe
Quand elle perd sa mère, en 1815, Catherine Labouré n’a que 9 ans. Elle grimpe sur le meuble de la chambre où repose la défunte, pour mieux voir la statue de la Vierge, et lui demander d’être sa nouvelle maman. À 12 ans, elle seconde déjà son père à la ferme de Fain, en Bourgogne. Une vie rude, qui ne l’empêche pas de venir à l’église pour prier. À 14 ans, elle jeûne en cachette, les vendredis et samedis. Si seulement elle pouvait suivre sa sœur Marie-Louise, religieuse chez les Filles de la Charité, à Langres ! Une nuit, en rêve, elle entend un prêtre lui dire : « Dieu a ses desseins pour vous. » Son père refuse de donner encore une de ses filles. Catherine refuse aussi de se marier. Qu’elle aille donc à Paris, aider son frère dans son restaurant ouvrier…
Toute à Dieu
À force de ténacité, elle parvient à entrer, en 1830, chez les Filles de la Charité, rue du Bac à Paris. Cette année-là, les reliques de saint Vincent de Paul, fondateur de la communauté, sont transférées de Notre-Dame au prieuré de Saint-Lazare. Catherine participe à la procession. Les jours qui suivent, dans la chapelle de la rue du Bac, elle prie devant la relique du cœur du saint prêtre. Trois jours de suite, le cœur de Monsieur Vincent lui apparaît au-dessus du reliquaire. Le cœur change de couleur chaque jour : blanc, symbole de paix ; rouge, signe du feu de la charité ; noir, annonciateur de soubresauts pour la France. La jeune novice se confie à son confesseur. Réponse implacable : « N’écoutez pas ces tentations. Une fille de la Charité est faite pour servir les pauvres et non pour rêver. » Catherine retourne à son chaudron préparer la soupe pour les pauvres. Mais au cours d’une messe, l’hostie devient transparente, comme un voile, et elle y voit « Notre Seigneur Jésus Christ ». Une nuit, un petit garçon vient la chercher et l’entraîne vers la chapelle. L’enfant lui dit : « Voici la Vierge. » Au cours d’une de ses trois apparitions, Marie lui demande de faire frapper une médaille à l’effigie de l’Immaculée Conception et lui annonce des troubles imminents. La Vierge lui intime de dire ce qu’elle a vu et entendu. Son confesseur l’écoute. Selon lui, ces visions ne sont que le fruit de l’imagination de Catherine. Pourtant, la France s’enflamme en juillet 1830.
La « médaille miraculeuse »
En 1831, Catherine part pour l’hospice d’Enghien s’occuper des vieillards. Plus de visions, mais toujours cette voix qui la presse de faire frapper une médaille. L’archevêque de Paris accepte et la petite médaille se propage de la rue du Bac vers le monde entier. Alertée par les guérisons advenant parmi ceux qui portent cette « médaille miraculeuse », l’Église exige une enquête. Mais Catherine ne veut pas devenir une « voyante ». Dans sa communauté, elle n’est toujours qu’une paysanne, une bonne à tout faire, secrète sur ses visions. Pendant la Commune de Paris, Catherine distribue des médailles aux soldats comme aux communards. À son décès, le 31 décembre 1876, plus d’un milliard de médailles sont déjà distribuées à travers le monde. n
À l’écoute de Catherine Labouré
Lorsque je vais à la chapelle, je me mets là devant le Bon Dieu, et je lui dis :
« Seigneur, me voici, donnez-moi ce que vous voulez. »
S’il me donne quelque chose, je suis bien contente et je le remercie.
S’il ne me donne rien, je le remercie encore parce que je n’en mérite pas davantage.
Et puis je lui dis alors tout ce qui me vient dans l’esprit : je lui raconte mes peines et mes joies et j’écoute.
Si vous l’écoutez, il vous parlera aussi car, avec le Bon Dieu, il faut dire et écouter,
Il parle toujours quand on y va bonnement et simplement.
Ste Catherine Labouré