dimanche 22 juin
Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ
Le Christ tenant un calice et une croix,
Alonso Cano (1601–1667), Cleveland Museum of Art.
Amour sans commune mesure
Christelle Javary
Cinq pains et deux poissons, puis de quoi nourrir cinq mille hommes et ramasser douze paniers. La disproportion est frappante, signe sans doute de la puissance divine, mais plus encore de la surabondance de l’amour. Jésus transforme un en-cas de fortune en festin inespéré qui non seulement rassasie les auditeurs présents mais semble encore anticiper, avec les douze paniers, tous ceux qui sont appelés à les rejoindre.
Cet épisode peut sembler assez éloigné de l’institution de l’eucharistie, dont le récit, incontournable en ce jour, n’est pas emprunté aux Évangiles mais à la première lettre de saint Paul aux Corinthiens. Pourtant, trois gestes décisifs sont communs à la multiplication des pains et au repas du Jeudi saint : Jésus prend le pain, prononce une prière, puis le rompt. C’est lui qui a l’initiative, mais il n’agit qu’en lien avec son Père. La fraction du pain est bien davantage que le préalable matériel à la distribution, c’est avoir part à l’offrande du Christ. En outre, la lettre de Paul témoigne de la transmission fidèle du rite eucharistique au sein de la première communauté chrétienne : [Frères,] j’ai moi-même reçu ce qui vient du Seigneur, et je vous l’ai transmis. Personne ne devient chrétien sans avoir rencontré des chrétiens.
Éternel secret de vie et d’amour
Hier comme aujourd’hui, l’eucharistie est la même démesure d’amour, sous les apparences les plus simples. Entre les mains d’un prêtre, un peu de pain et un peu de vin, quelques paroles, puis le corps et le sang du Christ… Son corps rompu pour nous sur la croix, son sang versé pour nous sur la croix ; la participation à l’eucharistie est proclamation de la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne. Oui, il est passé par la mort puisqu’il est allé jusqu’au bout de l’amour en donnant sa vie, mais ce n’est pas un cadavre que nous recevons en nourriture, c’est bien le Christ ressuscité, vivant et vivifiant.
Le dernier livre de l’écrivain suédois Stig Dagerman, qui se donna la mort en 1954, porte ce titre tragique et magnifique : Notre besoin de consolation est impossible à rassasier. En vérité, seule l’eucharistie peut rassasier notre immense besoin d’amour, de paix, de justice. Nous célébrerons dans quelques jours la solennité du Sacré Cœur de Jésus, qui revêt une importance particulière en cette année de jubilé en l’honneur du 350e anniversaire des apparitions du Sacré Cœur. L’encyclique Dilexit nos (Il nous a aimés) du pape François souligne combien notre monde malade et déchiré a besoin de revenir à la source de l’amour. Par le mystère de l’eucharistie, nous recevons dans un petit morceau de pain l’amour surabondant de Dieu et nous sommes appelés à lui rendre amour pour amour dans le service de nos frères. n
Découvrez après les lectures de la messe notre suggestion de prière universelle. Ces intentions sont à adapter en fonction de l’actualité et de l’assemblée qui célèbre.
Bonne fête ! Thomas (More), John (Fisher), Alban, Albain, Albane, Auban, Aubin, Aubeline, Albin
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