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Bienheureux Maurice Tornay (1910-1949)

Par Jérôme Emonet

Par Jérôme Emonet

Le 1 août 2024

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Lettre du 3 décembre1933 à sa sœur Anna,
religieuse chez les sœurs de la Charité.

Fêté le 12 août

Alban de Châteauvieux

Dans le diocèse de Sion (Suisse), cette année jubilaire déploie le mois anniversaire des 75 ans du martyre du bienheureux Maurice Tornay, assassiné le 11 août 1949.

Appelé par Dieu dès l’enfance

Maurice Tornay a entendu très tôt l’appel de Dieu et sa vie ressemble à la trajectoire d’une flèche qui ne déviera jamais de la grande ligne de marche choisie dès le plus jeune âge : il sera prêtre, il sera missionnaire, il sera apôtre dans l’immensité des terres païennes. Il ne voudra être rien d’autre, mais il voudra l’être totalement. Le reste ne l’intéressera que dans la mesure où il touchera le projet de Dieu sur lui : porter la Bonne Nouvelle jusqu’aux confins de la terre, et être prêt à verser son sang pour le Christ. Septième enfant d’une famille de paysans pauvres, Maurice Tornay est né le 31 août 1910 à La Rosière, un hameau de la commune d’Orsières, en Suisse. Personnalité affirmée, il devra s’employer à dominer un caractère difficile tout au long de sa courte vie. À 21 ans, il entre comme novice chez les chanoines du Grand-Saint-Bernard « pour correspondre à [s]a vocation qui est de quitter le monde et de [se] dévouer complètement au service des âmes, afin de les conduire à Dieu et de [se] sauver [lui]-même ».

Martyre de la mission du Tibet

En 1936, il rejoint la mission dite « du Tibet », mission très difficile qui donnera onze martyrs à l’Église en moins d’un siècle, et qui avait été confiée aux missionnaires des Missions étrangères de Paris (MEP). Maurice est encore séminariste quand il arrive aux confins des provinces chinoises du Yunnan et du Sichuan. Il doit y achever sa formation, apprenant simultanément le chinois et le tibétain. Il est ordonné prêtre à Hanoï par Mgr François Chaize, des MEP, le 24 avril 1938.

En 1945, il prend en charge la paroisse de Yerkalo dans la vallée du Mékong, le poste le plus exposé de la mission, à haute valeur symbolique puisque le seul à être implanté sur le territoire tibétain. À l’isolement – le confrère le plus proche est à huit jours de marche –, s’ajoutent les persécutions ourdies par les lamas qui s’opposent à l’évangélisation. Maurice, comme ses prédécesseurs des MEP, sera vite en butte à celles-ci. Il y résiste avec un courage et une détermination qui forcent l’admiration. Chassé par la force, le 26 janvier 1946, il tentera par tous les moyens de réintégrer sa paroisse où, comme il l’écrit : « De vieux chrétiens attendent anxieusement une dernière absolution, une dernière communion. Qui la leur donnera ? »

Ayant épuisé les tentatives de faire reconnaître les droits de la mission sur Yerkalo, il se lance, en accord avec ses supérieurs, dans le voyage périlleux pour Lhassa, la capitale tibétaine, afin d’y rencontrer le dalaï-lama. Conscient du danger, mais prêt à mourir pour ses paroissiens, il se met en route, mêlé à une caravane de marchands chinois, le 10 juillet 1949. Démasqué après dix-sept jours de marche et contraint de revenir sur ses pas, il tombe dans une embuscade tendue par les lamas et meurt assassiné avec son serviteur Doci.

Il est élevé au rang de bienheureux par saint Jean-Paul II le 16 mai 1993. n

À l’écoute du bienheureux Maurice Tornay

Car il faut nous hâter, n’est-ce pas Anna ? Il faut nous dépêcher, à notre âge d’autres étaient saints. Car si la tige fleurit trop longtemps, le fruit ne peut mûrir avant le froid et la mort. Et il y en a tant qui nous crient, tant de pécheurs, tant de païens qui nous appellent ; nous voulons leur répondre, n’est-ce pas ? Je te le dis encore, il faut nous dépêcher. Plus j’ai vécu, plus je suis persuadé que le sacrifice, la donation de soi, donnent du sens, donnent eux seuls du sens à ces jours que nous passons.

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Jérôme Emonet

Le Christ à la mer de Galilée, Circle of Jacopo Tintoretto (Probably Lambert Sustris), Anonymous Artist - Venetian, 1518 or 1519 - 1594. © National Gallery of Art, New-York