© Alban de Châteauvieux
u Fêté le 14 juillet u
Devant les lésions des infirmes, il voit les plaies du Crucifié. Il lui arrive d’entrer en adoration à leur chevet et de leur donner à manger à genoux, tête découverte. Choqué par la détresse des malades, les conditions misérables d’hospitalisation et l’incompétence des soignants de l’hôpital Saint-Jacques de Rome, Camille de Lellis s’engage comme infirmier pour « aimer le Christ dans les infirmes ». Cette misère à laquelle sont abandonnés les souffrants, Camille de Lellis l’a rencontrée à la fin des années 1570 quand, atteint d’un ulcère à la jambe, il a été admis à l’hôpital des Incurables.
Lumière divine
Auparavant, ce jeune fils d’un officier militaire s’était engagé dans l’armée espagnole pour combattre les Turcs. Orphelin à 18 ans, il avait eu une vie de débauche, marquée notamment par l’addiction aux jeux. À cause d’elle, il perdra tous ses biens et sera renvoyé de l’armée. Il fera tous les métiers jusqu’à être embauché comme homme à tout faire dans un couvent de capucins, à Manfredonia, en Italie. Le 2 février 1575, alors qu’il revient d’une course pour le monastère, à cheval, il est pénétré d’un rayon de lumière divine. Il se jette à terre, se repent et fond en larmes. Il demande à être admis au noviciat des Capucins, se fait appeler frère Humble, mais un ulcère à la jambe l’empêche de terminer sa formation. Il doit quitter le monastère pour se faire soigner.
À l’hôpital romain des Incurables, tout est à repenser. Les médecins préfèrent s’adonner à des expériences que s’occuper du bien-être des malades. Ces derniers sont maltraités, abandonnés dans des conditions d’hygiène abominables. Les infirmiers sont d’anciens mercenaires ou criminels obligés de travailler là pour se racheter une conduite. Révolté, Camille souhaite réformer l’hôpital selon les exigences de l’Évangile afin d’en faire un vrai lieu d’hospitalité. Puisqu’il voit l’infirme comme « la pupille et le cœur de Dieu », il va lui dédier sa vie, répondre à ses besoins et assurer sa dignité jusqu’à son dernier souffle.
Au service des malades
Le 15 août 1582, il réalise qu’il lui faut s’entourer de personnes qui se dévoueraient aux malades gratuitement, par amour de Dieu. Des disciples le rejoignent, ce sont les futurs camilliens que les Romains surnommeront « les pères de la bonne mort ». En 1586, l’ordre des Clercs réguliers ministres des infirmes est fondé. Sa mission : « L’exercice des œuvres spirituelles et corporelles de miséricorde envers les malades, même atteints de la peste, tant dans les hôpitaux et prisons que dans les maisons privées, partout où il faudra. » Les religieux portent une simple croix rouge sur leur habit noir, symbole du sang rédempteur du Christ.
À la mort de Camille, en 1614, l’institut compte déjà plus de trois cents religieux qui placent le malade au centre de leur existence, dans huit hôpitaux et quatorze couvents. Exigeant pour lui-même comme pour ses frères, Camille de Lellis s’imposait une vie de pénitence, de prière et de privation de sommeil – les malades étant prioritaires sur tout. Devenu son église, l’hôpital était le lieu où il rencontrait le Christ. n
À l’écoute de Camille de Lellis
Moi, Camille de Lellis, je laisse mon corps de terre à la même terre d’où il a été produit. Je laisse au Diable, tentateur inique, tous les péchés et toutes les offenses que j’ai commis contre Dieu et je me repens au plus profond de mon âme. Je laisse toutes les vanités au monde. Je laisse et offre mon âme et chaque pouvoir de celle-ci à mon Jésus bien-aimé et à sa Mère. Enfin, je laisse à Jésus Christ le Crucifié tout de moi-même en corps et en âme et j’ai confiance que, de son immense bonté et miséricorde, il me recevra moi et me pardonnera comme il a pardonné à Marie Madeleine.