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Saint Jean d’Avila (1499-1569)

Par Aude Bracq

Par Aude Bracq

Le 1 mai 2025

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Alban de Châteauvieux

Fêté le 10 mai

Il rêvait de mission aux Amériques… « Vos Indes sont ici, à Séville ! » lui rétorque son archevêque. Pas question de laisser partir un si bon orateur ! C’est donc chez lui, en Andalousie, que le jeune prêtre ravivera la foi chrétienne. Lors des missions populaires, Jean prêchera inlassablement, et pas seulement dans les églises. Sur les places comme dans les hôpitaux, la parole de Dieu est enseignée, les enfants catéchisés, les adultes initiés à l’oraison.

Jean d’Avila (sans lien de parenté avec Thérèse d’Avila) naît en 1499 près de Ciudad Real. D’origine juive, son père, riche marchand, a été converti de force au catholicisme pour pouvoir rester en Espagne. Jean quitte sa famille à 14 ans pour étudier à Salamanque. Il ne termine pas son cursus, mais se retire en ermite dans la propriété familiale pendant trois ans. Il a entendu un appel au sacerdoce… lors d’une course de taureaux ! Il discerne sa vocation, dans le jeûne et la prière, jusqu’à ce qu’un ami franciscain le persuade de se préparer sérieusement à la prêtrise à l’université d’Alcalá.

L’apôtre de l’Andalousie

Ordonné prêtre à 25 ans, il est vite remarqué pour son éloquence. Sa parole frappe fort, à tel point qu’elle convertit les futurs saints Jean de Dieu (fondateur des hôpitaux modernes) et François Borgia (vice-roi de Catalogne). Sa manière de prêcher, sans complaisance vis-à-vis des puissants, n’est pas du goût de tous. Il est dénoncé pour hérésie au tribunal de l’Inquisition et emprisonné à Séville pendant deux ans. Finalement innocenté, il retourne à son activité pastorale. La formation des séminaristes le passionne. Pour eux, il fonde des universités nouvelles où leur sont enseignées l’Écriture sainte et la théologie. Ces prêtres qu’il a formés deviennent ses disciples et partent, �� leur tour, évangéliser les campagnes. C’est la « Compagnie d’Avila ».

Afin que leurs prédications portent du fruit, il leur conseille de se recueillir dans la prière et d’être accompagnés sur le plan spirituel. La mission exige contemplation et formation spirituelle. Surtout, il leur enjoint ceci : « Aimez beaucoup notre Seigneur. » La pensée du docteur de l’Église (depuis 2012) est centrée sur le Christ. Le Christ appelle chacun de nous, nous laissant libres de l’accueillir et de l’écouter. Pour ce faire, il convient de sortir de soi-même en faisant de sa vie une lectio divina, une parole de Dieu vécue, incarnée au quotidien. Accueillir et écouter le Christ pour se laisser modeler le cœur par sa parole et habiter par l’Esprit Saint.

En 1548, il rencontre Ignace de Loyola, avec qui il échange de nombreuses lettres et qu’il soutient dans le développement de la Compagnie de Jésus. Ignace aimerait que Jean l’y rejoigne. Ce dernier refuse : il est âgé et se sait déjà malade. Presque aveugle, le futur saint patron des prêtres espagnols demeure le conseiller spirituel d’un grand nombre de pasteurs jusqu’à sa mort, en 1569.

Sur sa tombe, à Montilla, on peut lire cette épitaphe (en latin) : « Tu demandes quel emploi j’exerçais ? J’étais moissonneur. » n

À l’écoute de saint Jean d’Avila

« Attachez les yeux de votre âme sur son Sacré-Cœur avec un très vif, mais très tranquille sentiment, pour voir que l’amour dont il brûle pour tous les hommes surpasse autant ce qui paraît au dehors de ses souffrances, quoiqu’elles soient inconcevables, que le ciel est au-dessus de la terre. Car comme ne s’étant pas contenté de souffrir extérieurement, il nous a aimés du fond de son cœur, il ne doit pas aussi vous suffire de le considérer et de l’imiter en ce qu’il a souffert extérieurement : vous devez aussi entrer dans son cœur pour considérer et pour imiter ce qui s’y passe. Pour nous rendre cela plus facile, il a permis qu’après sa mort un coup de lance ait percé son côté, pour nous ouvrir une porte par où nous puissions entrer dans ce cœur, et y voir et admirer les merveilles dont il est plein. Ainsi soit-il. »

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Aude Bracq

(Journaliste, Aude Bracq est également biographe, en particulier pour les personnes gravement malades avec l’association Passeur de mots, passeur d’histoires.

Le Christ à la mer de Galilée, Circle of Jacopo Tintoretto (Probably Lambert Sustris), Anonymous Artist - Venetian, 1518 or 1519 - 1594. © National Gallery of Art, New-York