© Alban de Châteauvieux
u Fêté le 23 septembre u
« Nous n’avons encore rien fait jusqu’à maintenant, ou tout au plus bien peu ; […] nous avons vécu avec insouciance, comme si le jour ne devait jamais venir où le juge éternel nous rappellera à lui et nous devrons rendre compte de nos actions », nous livre Padre Pio dans ses pensées. Déjà petit, celui que ses parents, humbles paysans du village de Pietrelcina en Italie, avaient nommé Francesco est un peu différent des autres enfants. Il joue volontiers avec eux, mais il aime se retirer dans la solitude pour prier. Chez les Forgione, la foi profonde vécue au fil des heures crée une atmosphère telle que la frontière entre le surnaturel et la simplicité de chaque jour est ténue. Francesco connaît, dès les débuts de sa vie, des apparitions et des tentations diaboliques, mais il ignore encore que ce n’est pas le lot de tous. En 1903, il rejoint l’ordre des Frères mineurs capucins, répondant dès lors au nom de Pio, soutenu par ses parents qui font tout pour l’aider à réaliser son désir de devenir prêtre. De santé fragile, il ne quittera son village d’origine qu’en 1916, où il vivra ses premières années de ministère après avoir été ordonné prêtre en 1910. Alors qu’il rayonne déjà sur ses compatriotes, le Seigneur le marque des plaies de sa Passion. Personne ne se doute alors du « secret du Roi ». Une fois installé au monastère de San Giovanni Rotondo, sur le mont Gargano, on lui confie la mission de l’éducation des jeunes clercs. Il accueille les fidèles, écrit, confesse et célèbre l’eucharistie. Un certain 20 septembre 1918, après la messe, alors qu’il est au chœur, les stigmates invisibles deviennent visibles avec l’apparition d’un mystérieux personnage. La nouvelle se répand à la vitesse du vent et les foules accourent, sans distinction d’âge ou d’état de vie. Dans ce couvent isolé, Padre Pio se voit livré à la vue de tous. Il développe de nombreux charismes : guérisons, don de bilocation, il lit dans les âmes… S’installe autour de ce premier prêtre stigmatisé de l’Histoire un climat passionnel, qui va du culte à la violente aversion : ce sera son calvaire. Padre Pio restera jusqu’à sa mort un signe de contradiction. À 15 ans déjà, dans une vision, le Seigneur l’avait prévenu de sa mission : il aurait à combattre l’esprit du mal. Les combats intérieurs, les souffrances physiques et morales dont il est continuellement la victime n’auront de cesse, confronté à la jalousie de plusieurs hommes d’Église qui iront jusqu’à lui faire subir de lourdes restrictions dans l’exercice de son ministère : interdiction de célébrer la messe en public, de confesser, de diriger spirituellement. À l’image de son Maître, il répond par ses souffrances et son silence. Le 23 septembre 1968, Padre Pio rend son âme à Dieu après avoir prononcé les noms de Jésus et de Marie. La veille, des foules venues de partout pour une messe, dont chacun ignorait qu’elle était la dernière, étaient là, en nombre. À ces participants d’un congrès des groupes de prières initiés par le saint lui-même, il livre une dernière fois, malgré son immense fatigue, son désir brûlant du Seigneur et sa priorité absolue de la prière, dont il a fait l’expérience, toute sa vie, de la puissance. n
À l’écoute de Pio de Pietrelcina
Je me demande parfois s’il existe des âmes qui ne sentent pas leur poitrine brûler du feu divin, spécialement lorsqu’elles se trouvent devant lui au Saint-Sacrement. À moi, cela me semble impossible, surtout s’il s’agit d’un prêtre, d’un religieux… J’ai tant de confiance en Jésus que, même si je voyais l’enfer ouvert devant moi et si je me trouvais au bord de l’abîme, je ne perdrais pas espoir, je me confierais à lui. Qui peut savoir combien de fois, s’il ne m’avait pas tendu la main, ma foi aurait vacillé, mon espérance, ma charité se serait affaiblie, mon intelligence se serait obscurcie, si Jésus, l’éternel soleil, ne l’avait pas illuminée. […] Le plus bel acte de foi jaillit sur nos lèvres dans la nuit, dans l’immolation, dans la souffrance, dans l’effort suprême et inflexible vers le bien.