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Bienheureuse Alix Le Clerc (1576-1622)

Par Aude Bracq

Par Aude Bracq

Le 1 janvier 2025

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Fêtée le 9 janvier

Dans la Lorraine du xvie siècle, l’avenir des filles n’offre qu’une alternative : le mariage ou le monastère. En 1598, un saint curé, Pierre Fourier, se désole. À l’école mixte de Mattaincourt (Vosges), le maître a violé une petite élève, une des rares filles autorisées à fréquenter l’école. Il faut les protéger tout en les instruisant. Pierre Fourier a une idée géniale : confier leur éducation à la jeune Alix Le Clerc, 21 ans, et à ses quatre amies. À la Noël 1597, Pierre Fourier, chanoine régulier de Saint-Augustin, a permis à ces jeunes femmes, désireuses d’inventer une nouvelle forme de vie religieuse, de manifester officiellement leur consécration à Dieu. L’éducation sera leur principale mission apostolique : elles accueilleront les petites filles dans des écoles gratuites. La première ouvre à Poussay, à l’automne 1598. Trois siècles plus tard, Jules Ferry saluera « la naissance de l’instruction primaire en Lorraine, constituant l’acte de naissance de l’enseignement des filles en France ».

Se rendre agréable à Dieu

La jeune Alix Le Clerc n’a pourtant pas le profil des ­fillettes qu’elle va accueillir. Enfant unique d’un marchand de Remiremont, elle a grandi dans l’aisance et les divertissements de la bonne société. Elle aime rire et danser, quand une forte fièvre la cloue au lit. Elle en profite pour lire des ouvrages spirituels. Une vision de la Vierge Marie achève de lui faire prendre conscience de la futilité de sa vie. On la demande en mariage, mais elle sent que sa vocation est ailleurs. Après une vision du démon, elle décide de laisser de côté ses « habits de vanité » pour s’habiller « comme les simples filles de village », avec un voile blanc. Mais elle n’a personne à qui confier ses questionnements. Sa ville natale est bien pauvre en termes d’éducation : « Il n’y avait que des ténèbres d’ignorance, point de gens d’Église pour instruire à la vertu. »

Vie ardente au service de l’éducation

Sa rencontre avec Pierre Fourier, curé de Mattaincourt, est décisive. Voilà le guide dont elle avait tant besoin. Il devient son confesseur, son enseignant, son ami. Il ­comprend qu’Alix possède un sens aigu du péché, qu’elle est déjà la proie de violents combats intérieurs. Le prêtre lui propose de découvrir plutôt la miséricorde divine : le Christ s’est toujours fait l’ami des pécheurs. La peur de l’enfer se change peu à peu en confiance en Dieu, puis en joie d’être sauvée. Alix continue de connaître des visions et des tourments du démon. Familière de la vie mystique, elle passe facilement du visible à l’invisible, mais aussi de l’abandon aux mortifications. Des pénitences extrêmes qu’elle inflige à son corps, des tourments qui épuisent son âme, elle ne dit rien à ses sœurs. Après de vives souffrances, elle meurt le 9 janvier 1622, à 46 ans, à Nancy, dans le premier monastère de la congrégation Notre-Dame.

Après Poussay, d’autres écoles voient le jour à Mattaincourt, à Bar-le-Duc, à Verdun, à Nancy… et même à Paris (actuellement l’école Notre-Dame-des-Oiseaux). Aujourd’hui, des établissements de la fondation Pierre-Fourier-Alix-Le-Clerc existent dans le monde entier. n

À l’écoute d’Alix Le Clerc

« Je vous supplie, mon Dieu et Sauveur, de nous faire cette grâce de marcher par le chemin qu’il vous a plu de nous frayer par votre exemple et par les mérites de votre bénite Mère, laquelle nous désirons imiter, aidés par son pouvoir, et dans cette espérance, nous désirons mourir sous l’abri de son nom et de sa protection.

« Octroie-moi, Seigneur, que tu sois en moi, et moi en toi, et qu’ainsi assemblés, nous puissions toujours demeurer ensemble. Car tu es vraiment mon bien-aimé, choisi entre plusieurs milliers, en qui mon âme a pris plaisir de demeurer et se reposer tous les jours de sa vie. »

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Aude Bracq

(Journaliste, Aude Bracq est également biographe, en particulier pour les personnes gravement malades avec l’association Passeur de mots, passeur d’histoires.

Le Christ à la mer de Galilée, Circle of Jacopo Tintoretto (Probably Lambert Sustris), Anonymous Artist - Venetian, 1518 or 1519 - 1594. © National Gallery of Art, New-York